Visite aux paludiers des marais salants de Guérande en Pays de Loire
Le fait d'avoir survolé en ULM les marais salants de Guérande m'ont rendue encore plus impatiente de retourner sur terre pour aller fouler sentiers et chemins qui bordent et délimitent les 1700 hectares de vasières.Ces salines emprisonnent l'eau de mer que le soleil fera s'évaporer pour laisser apparaître par fines couches cet or blanc qui fit la richesse et la renommée de Guérande.
Ce soir là, je décide d'aller à la rencontre d'un de ces paludiers avec la ferme intention de découvrir avec lui ce métier ancestral.
Après une mauvaise récolte due à une météo capricieuse, les paludiers effectuent des travaux de remise en état des salines. Les vasières que l'étier pourvoit en eau, sont les bassins les plus proches de la côte, elles subissent de plein fouet les assauts de l'Océan et ses humeurs tempétueuses.
De novembre à février, les paludiers procèdent donc au rayage de ces bassins de stockage d'eau de mer. Ce nettoyage consiste à enlever avec un boutoué la vase molle et les végétaux du pourtour des vasières.

Saunier travaillant dans les Salines de Guérande

La Fleur de sel de Guérande affleure dans les œillets
Les cobiers, les salines et puis les œillets sont les bassins successifs qui permettront l'évaporation physique de l'eau de mer et la cristallisation du gros sel que les hommes récoltent avec un outil en bois à très long manche : le las. La Fleur de sel, c'est cette précieuse et inestimable pellicule d'or blanc qui flotte à la surface de l’œillet et que ces artisans des marais cueilleront avec la lousse. Ils récolteront, annuellement, sur chaque œillet, environ 1550 kg de gros sel et 80 kg de fleur de sel .

Bassins salicoles du marais de Guérande
J'ai parcouru une infime partie de cet écosystème que la main des sauniers continue de façonner depuis plus de 2000 ans. J'ai pu constater l'attachement que ces paludiers avaient pour leurs territoires. Eux qui ont reçu en héritage un savoir faire artisanal, veulent rester les gardiens de ces zones naturelles fragiles dans lesquelles ils vivent en parfaite symbiose.

Spatule blanche se nourrissant dans les salins de Guérande
Dans les pièces de ce puzzle aquatique, de nombreuses espèces d'oiseaux trouvent là un garde-manger généreux ! Les spatules blanches, gorges bleues, grèbes castagneux, vanneaux huppés, goélands bruns et mouette leucophée apprécient ces lieux de repos et de nidification.

Épris de qualité, les paludiers se doivent de garder propres ces milliers de petits bassins générateurs de ressources. Alors, les laboureurs des marais, garants des traditions, continuent à utiliser les outils ancestraux : la houlette ou pelle et le râteau à limu pour ratisser les algues vertes, la brouette en bois pour le transport du sel qui, autrefois, était chargé sur le gède puis hissé sur la tête des ouvriers.

J'ai apprécié ces instants magiques passés avec ces travailleurs de la mer.
Avec eux, j'ai découvert les salicornes, ces plantes sauvages comestibles qui poussent uniquement sur les terrains salés. On cueille au printemps leurs pointes tendres et vertes chargées de sels minéraux, riches en vitamines A, C, D , en oligo-éléments et en iode. Elles ont les qualités nutritives des algues et on les prépare en condiments comme des cornichons. Les oiseaux raffolent des graines de salicornes.
A savoir :
Les paludiers de Guérande et Yannick Noah apportent leur concours aux paludiers et sauniers africains par l'intermédiaire de l'association Univers-sel.
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