Randonnée en raquettes à neige dans les Alpes à Praz de Lys Sommand (commune de Taninges Mieussy)

Immersion au pays du blanc, avec Patrick Labrosse, accompagnateur en montagne (Suivez la Trace), pour une randonnée en raquettes à la découverte des traces des animaux et des beautés de la nature. Le terrain de jeu sera celui de Praz de Lys-Sommand, à environ 25 km à l'ouest de Samoëns, à l'altitude de 1500 m pour trouver davantage de neige en cette saison capricieuse.
La marche en raquettes est un sport doux mais néanmoins physique. Elle ne nécessite pas d'aptitudes particulières ni de technique (l'automatisme de marche est quasi spontané, quelques pas suffisent) et elle développe l'endurance. Equipés de chaussures étanches ou de surbottes, de raquettes et de bâtons, nous partons en petit groupe dans les traces de notre guide, en file indienne pour perturber le moins possible la nature, à la recherche de nouvelles sensations.

L'activité ne nécessite pas forcément la présence d'un professionnel mais les accompagnateurs connaissent davantage la montagne et ses dangers. Ils savent choisir un itinéraire sécurisé en tenant compte des conditions de neige, de la nivologie et des capacités physiques des randonneurs. Ils apportent des connaissances appréciables sur le milieu.

Première leçon pour différencier un sapin d'un épicéa... Les fruits du sapin (cônes) sont dressés alors qu'ils pendent sur l'épicéa. Les aiguilles de l'épicéa sont réparties tout autour du rameau et seulement de part et d'autre pour le sapin. Petit test pratique : frotter les aiguilles dans la main et sentir : seul le sapin possède ce parfum particulier d'agrumes.


Parmi les couleurs hivernales se détache celle des baies rouges du sorbier (ou sorbier des oiseleurs). Ces baies sont le garde manger des oiseaux frugivores, les seuls à rester pendant la rude saison avec les oiseaux granivores. Les volatiles insectivores ont, eux, déjà migré pour des contrées plus chaudes où les insectes sont encore présents. On trouve parmi les oiseaux des forêts : le bec croisé (les mandibules de son bec sont croisés à la pointe), il se nourrit de graines de conifères, le lagopède (qui change de couleur selon les saisons, il arbore 3 plumages par an), le tétras lyre...


Les alpages de Praz de Lys bénéficient d'un air particulièrement pur. Les lichens se développent abondamment sur les arbres. Cette symbiose d'une algue et d'un champignon est un excellent indicateur de pureté de l'air. A certains endroits, ils sont si épanouis qu'ils semblent "pleurer" des branches.


Quittons à présent le monde végétal pour le monde animal puisque les indices de présence de la faune sont légion. Les empreintes des habitants quadrupèdes des forêts des étages montagnards et subalpins sont le témoignage de leurs déplacements. Il est très intéressant d'apprendre à reconnaître les traces des animaux et d'étudier leurs itinéraires. On distingue ainsi ceux qui se déplacent par bonds (écureuils, lièvre...) de ceux qui marchent, les ongulés (avec des sabots), des plantigrades, des digitigrades - avec ou sans griffes comme les félidés (lynx) - ou des oiseaux (serres), etc... On peut également identifier la trace d'un animal par la façon dont celui-ci pose chacune de ses pattes les unes par rapport aux autres. Voici par exemple les empreintes laissées par un chevreuil, on distingue bien son sabot. Patrick sort alors de son sac une patte de l'animal et celle d'un chamois pour nous en expliquer la différence. On voit aussi sur la photo, la trace qu'a laissée le tibia de l'animal en frottant sur la neige.


Sur les photos suivantes :

• le renard qui progresse de façon rectiligne pour aller droit au but à gauche des traces d'un écureuil (4 empreintes avec parfois les griffes visibles)
• le lièvre variable (ou blanchot) dont les marques partent souvent dans tous les sens puisqu'il essaie de faire perdre sa trace. Le lièvre évolue par bonds successifs (l'espace entre les traces traduit la vitesse de l'animal en fuite ou non). Sur la photo, le lièvre monte, les deux traces du bas sont celles de ses pattes antérieures puis ses pattes postérieures passent de chaque côté de son corps avant de se poser devant lui et de créer la propulsion du saut suivant.
• le tétras lyre est un oiseau, il se déplace souvent près des arbres
• les empreintes du chien ! à différencier de celles du renard en traçant une ligne horizontale passant par les deux pelotes extérieures (chez le renard les deux pelotes médianes ne sont pas coupées par la ligne)

Autre genre de traces maintenant, celles d'un pic noir qui a sondé l'écore d'un conifère à la recherche de larves d'insectes enfouies dans le bois. Grâce à son bec puissant (c'est un cousin du pic vert), il creuse aussi les troncs pour y faire son nid. Loin d'être un volatile destructeur, il équilibre la vie de la forêt en se nourrissant d'insectes xylophages (qui consomment du bois). L'oiseau est facilement reconnaissable, son plumage est noir et il a une calotte rouge à l'arrière et au dessus de la tête.



En conclusion, une sortie raquette très enrichissante grâce aux connaissances apportées par Patrick. La présence d'un professionnel est une valeur ajoutée indéniable ! Merci pour le vin chaud et autres friandises anti coup de pompe ;-)

Patrick Labrosse : La Falconnière - 74340 Samoëns - 06.18.63.67.08