Potosi et les mines du Cerro Rico Bolivie
Nous partons de Sucre pour aller sur le site minier de Potosi. Altitude moyenne de 4000 mètres.Population de 140 000 habitants. Nous avons là, un important rendez-vous avec l'Histoire peu glorieuse de la Conquête.
La découverte des richesses minérales de Potosi ("le tonnerre" en Quéchua) et de son impressionnante colline, le Cerro Rico ("la riche colline" en espagnol) furent une véritable aubaine pour les Incas qui exploitèrent avant les Conquistadors ce pharaonique filon argentifère.
Ce fut aussi un formidable coup de" tonnerre" financier pour les Conquérants qui, in situ, frappaient monnaie pour la Couronne d'Espagne.
Des siècles durant, des millions d'Indiens et de Noirs extirpés des côtes africaines, creusèrent dans les pires conditions et moururent très jeunes dans les entrailles de cette montagne monstrueusement riche.
Les Quechuas et les Aymaras soumis à la "mita" (travail forcé) grattaient les parois fragiles des galeries avec pour seul outil un burin, un marteau, une pelle.

Entrée de Potosi au pied du Cerro Rico,
pyramide en forme de cône

Au cœur du Cerro Rico
La colline, épuisée après tous ces siècles d'intenses exploitations, est devenue de moins en moins rentable. En 1985, l'État bolivien se retire de la mine, laissant sur le tas des milliers de familles d'Indiens, mineurs depuis des générations. Constitués en Coopératives minières, ils décidèrent de poursuivre. Ils sont actuellement quelques 10 000 indiens à creuser encore et encore à la recherche de résidus de minerais d'argent, de zinc, de plomb ou d'étain ou de pierres précieuses, travaillant dans des conditions d'hygiène et de sécurité très rudimentaires.

Rue de la Mine à Potosi
Comme eux, nous nous sommes faufilés dans une étroite galerie. Celles-ci se comptent par centaines sur tout le site minier de Potosi. Respectant la tradition, nous avons offert aux mineurs un bâton de dynamite, des boissons et des feuilles de coca, permettant ainsi aux Indiens d'acheter la clémence du Tio (qui est soit le Bon Dieu qui protège, soit le Diable responsable du mauvais coup du sort).

Entrée dans la galerie des mines de Potosi
Nous rencontrons sur le parcours souterrain des poupées ou statuettes de Tios qui jalonnent le trajet, veillant ainsi sur la vie des mineurs et des visiteurs.

Tio bienveillant, protecteur des mineurs,
couvert d'offrandes
Nous avons approché dans ces boyaux rocheux, les forçats d'un monde dit moderne. Ils sont les frères de sang et de cœur des mineurs de Germinal. Ce monde industriel impitoyable dont les lambeaux de ferrailles rouillent au soleil de l'Altiplano n'est que le souvenir déjà lointain d'un Empire déchu.

Wagonnets qui jadis déversaient le minerai
extrait des entrailles du Cerro Rico
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Bonjour,
Je découvre vos superbes photos de Potosi, Uyuni, de ce superbe pays qu'est la Bolivie ou j'ai été 2 ans de suite il y a déja plus de 3 ans...
En fait j'ecoute en meme temps l'emission de Daniel Mermet sur son site : la-bas.org/
Que d'émotions et de souvenirs!
Sincèrement
Belles photos